État des lieux des soins et de la gestion des maladies chroniques dans les prisons françaises

Regarder de près les conditions de santé en prison, c’est entrer dans un monde où se mêlent grandes difficultés et manque flagrant de moyens. En France, les maladies chroniques représentaient environ 30 % des pathologies observées chez les détenus en 2019, selon les chiffres du ministère de la Santé.

Les soins médicaux en milieu carcéral souffrent souvent de délais d’attente très longs pour des consultations spécialisées. Cette attente exacerbe aussi bien la souffrance physique que la détresse psychologique des détenus. De plus, le personnel médical en prison est en nombre insuffisant, rendant la prise en charge des maladies chroniques complexe et souvent inadéquate. À notre avis, l’État devrait investir davantage dans le recrutement de personnel médical pour pallier ces insuffisances.

Témoignages : la vie quotidienne des détenus atteints de maladies chroniques

Les témoignages des détenus sont édifiants. Johan, détenu à Fleury-Mérogis, raconte son parcours de combattant pour obtenir ses traitements pour le diabète. “Je dois souvent me débrouiller seul, le personnel est débordé et les consultations sont rares”, dit-il. Pour beaucoup, la gestion de la maladie est un véritable calvaire.

Les détenus atteints de maladies pulmonaires chroniques comme l’asthme ou la BPCO souffrent également de conditions de vie aggravantes. Rater une dose de leur médicament peut entraîner des crises graves. Nous recommandons vivement l’amélioration des protocoles de suivi médical et l’instauration de contrôles réguliers pour ces patients.

Témoignages frappants

  • Marie, atteinte de sclérose en plaques, évoque des douleurs insupportables en raison de la rareté des soins de kinésithérapie.
  • Pierre, qui souffre d’épilepsie, a vu ses crises se multiplier, car les médicaments ne sont pas toujours disponibles.

Solutions envisagées et projets en cours pour améliorer les conditions de santé en milieu carcéral

Heureusement, des solutions commencent à voir le jour. Le programme Santé-Détention lancé par l’ARS Île-de-France vise à renforcer les équipes médicales dans les établissements pénitentiaires. De plus, des téléconsultations ont été mises en place pour réduire les délais d’attente et garantir un suivi régulier des patients. Nous soutenons entièrement ces initiatives et espérons qu’elles seront généralisées.

Par ailleurs, des projets de réinsertion incluent maintenant des volets santé, permettant aux détenus de bénéficier d’un suivi médical post-pénal. Un point fondamental souvent négligé est la sensibilisation des détenus eux-mêmes aux pratiques de santé préventive, comme l’importance de la nutrition et de l’exercice physique, même en milieu carcéral. Nous estimons que sensibiliser les détenus à ces aspects contribuerait grandement à la gestion des maladies chroniques.

Recommandations concrètes

  • Doubler le nombre de professionnels de santé dans les prisons.
  • Utiliser la télémédecine pour suivre davantage de maladies chroniques.
  • Mettre en place des programmes éducatifs sur la santé pour les détenus.

Il existe de réels efforts pour améliorer la situation. Néanmoins, tant que les infrastructures resteront sous-financées et que les politiques de santé en milieu carcéral ne seront pas rigoureusement appliquées, les détenus atteints de maladies chroniques continueront de souffrir de manière disproportionnée.