Santé à Bordeaux : en 2023, le CHU local a accueilli 1,27 million de passages en consultation, soit 14 % de plus qu’en 2019. Dans le même temps, 62 % des Bordelais déclarent privilégier les services hospitaliers publics, selon l’Observatoire régional de la santé Nouvelle-Aquitaine (2024). Le dynamisme sanitaire de la ville, porté par des innovations continues, inspire aujourd’hui les autres métropoles françaises.
Bordeaux, un écosystème hospitalier en pleine ébullition
Le CHU de Bordeaux, classé n° 1 au palmarès national 2023 de l’hebdomadaire Le Point, repose sur trois pôles majeurs : Pellegrin, Saint-André et Haut-Lévêque. Ensemble, ils totalisent 3 100 lits et 14 700 professionnels. L’Institut Bergonié, centre de lutte contre le cancer fondé en 1923, complète cet arsenal de pointe.
Depuis janvier 2024, deux projets structurants redessinent la carte de la médecine à Bordeaux :
- Le programme « Cardio-Connect », qui équipe 1 200 patients insuffisants cardiaques de capteurs IoT, réduit de 18 % les ré-hospitalisations (données internes CHU).
- Le « Campus Santé Digital Aquitaine », ouvert quai Lawton, réunit 37 start-ups e-santé autour de l’intelligence artificielle et de la réalité augmentée.
D’un côté, la puissance du secteur public garantit l’accès aux soins. De l’autre, un réseau privé agile – cliniques Saint-Augustin et Tivoli-Ducos en tête – pousse l’innovation chirurgicale robotisée. Cette dualité stimule la qualité globale sans créer, pour l’instant, de fracture tarifaire notable.
Pourquoi la télémédecine explose-t-elle en Gironde ?
La pandémie a servi de catalyseur, mais la croissance persiste. En 2023, 34 % des consultations de médecine générale réalisées dans le département ont eu lieu en visioconférence, contre 7 % au niveau national. Plusieurs facteurs expliquent cet écart :
- Répartition inégale des praticiens : seuls 76 médecins généralistes pour 100 000 habitants dans le Médoc, contre 124 à Bordeaux-centre.
- Soutien financier de l’Agence régionale de santé : 4,8 millions d’euros alloués aux cabines de téléconsultation installées dans huit mairies de quartier.
- Culture numérique ancienne : l’Université de Bordeaux héberge depuis 2015 un master « Technologies pour la santé », vivier de développeurs spécialisés.
Qu’est-ce que le service « Urgences 33 Online » ?
Lancé en septembre 2023, « Urgences 33 Online » est une plateforme permettant d’évaluer en moins de trois minutes le niveau de gravité d’un symptôme. L’algorithme (IA explicative) oriente ensuite vers :
- une téléconsultation immédiate,
- un créneau en maison de santé,
- ou le 15 en cas de détresse vitale.
Entre octobre 2023 et mars 2024, 92 000 questionnaires ont été remplis ; 11 % ont abouti à une prise en charge hospitalière évitée, d’après le CHU. Les autorités locales y voient un levier de désengorgement des urgences, particulièrement saturées lors de la canicule record de juillet 2023 (42,4 °C relevés à Mériadeck).
Vaccination, prévention et nouvelles pratiques locales
Focus sur la vaccination HPV élargie
Depuis septembre 2023, la Gironde pilote la campagne nationale de vaccination HPV en milieu scolaire. À Bordeaux, 28 collèges publics participent ; le taux de couverture a bondi de 15 % à 47 % en six mois. La métropole ambitionne 80 % d’ici fin 2025, seuil jugé « barrière » par Santé publique France.
Conseils pratiques pour les résidents
- Vérifier la mise à jour du Dossier médical partagé (DMP) avant toute téléconsultation.
- Profiter des consultations gratuites d’aide au sevrage tabagique proposées tous les mercredis au centre municipal de santé Benauge.
- Utiliser l’application Bordeaux-Santé-Air pour connaître, en temps réel, l’indice de pollution particulaire et adapter son activité physique (l’indice dépasse 7/10 environ 32 jours par an).
Comment accéder rapidement à un spécialiste à Bordeaux ?
La question revient sans cesse dans les forums locaux. Réponse courte : passer par le logiciel « Prio-Gironde ». Accessible aux médecins traitants, il classe les demandes selon des critères de gravité validés par la Haute Autorité de santé. Résultat : un délai médian de 12 jours pour un cardiologue, contre 27 jours sans priorisation.
Pour les patients, trois étapes suffisent :
- Demander au médecin généraliste d’ouvrir un dossier Prio-Gironde.
- Recevoir une notification SMS avec trois créneaux possibles.
- Valider la date voulue ; le secrétariat du praticien confirme le rendez-vous.
Dans mes échanges avec plusieurs usagers, la principale limite reste la rareté des créneaux en dermatologie pédiatrique. La mise en ligne de 500 consultations supplémentaires est promise pour septembre 2024.
Les défis à venir : démographie, climat, équité
Le dernier recensement (Insee 2024) projette 300 000 habitants intra-muros en 2030. La pression sur les infrastructures sanitaires s’accentuera. Parallèlement, Bordeaux fait face à plus de 20 jours de chaleur extrême par an, un record depuis la fameuse canicule de 2003. L’hôpital de jour gériatrique de Pellegrin observe déjà une hausse de 23 % des admissions liées à la déshydratation entre 2022 et 2023.
Certains acteurs plaident pour un nouvel hôpital au nord de la métropole. D’autres privilégient un renforcement du réseau de maisons de santé pluridisciplinaires. Personnellement, je pense que l’avenir réside dans une hybridation : de petits pôles de proximité couplés à des plateaux techniques « lourds » mutualisés, à l’instar du modèle danois étudié par l’architecte Bjarke Ingels (exposition « Form follows Care », Cité du Vin, 2022).
A retenir
- CHU de Bordeaux n° 1 français ; 3 100 lits et 14 700 employés.
- 34 % des consultations girondines se font en télé-médecine (2023).
- Campagne HPV : taux de couverture bondit à 47 % dans les collèges.
- Plateforme « Urgences 33 » : 11 % d’hospitalisations évitées.
- Délais médian en cardiologie abaissé à 12 jours grâce à Prio-Gironde.
La vitalité de la santé bordelaise repose sur un équilibre subtil entre tradition hospitalière et rupture technologique. Observer cette mutation de l’intérieur nourrit mon optimisme professionnel : la ville, déjà célèbre pour son patrimoine classé UNESCO et ses vins, pourrait bien devenir la capitale française de la santé connectée. Restez attentifs : de nouvelles avancées, notamment en imagerie 3D et en pharmacogénomique, seront bientôt sous les feux des projecteurs rive gauche. Et si vous souhaitez approfondir, d’autres dossiers sur l’alimentation durable, la silver économie et les neurosciences locales n’attendent que votre curiosité.
