Santé à Bordeaux : en 2024, 32 % des Bordelais déclarent utiliser au moins une application de suivi médical, contre 18 % en 2021. Ce bond illustre l’appétit local pour l’innovation. Santé à Bordeaux rime désormais avec plateformes de consultation en ligne, centres hospitaliers universitaires de pointe et politiques publiques tournées vers la prévention. Dans une ville où la population a augmenté de 7 % en dix ans, la question sanitaire devient centrale. Voici l’état des lieux, chiffres à l’appui.
État des lieux sanitaire à Bordeaux
Le CHU de Bordeaux, classé premier hôpital de France par Le Point en 2023, traite chaque année plus de 280 000 urgences. L’Agence régionale de santé (ARS Nouvelle-Aquitaine) rappelle qu’en 2024, 17 % des consultations généralistes concernent des patients venus de communes périurbaines, faute de médecins dans leur secteur. D’un côté, le centre-ville offre huit pôles hospitaliers, dont l’Institut Bergonié, référence nationale en oncologie. Mais de l’autre, la Gironde affiche un déficit de 92 médecins généralistes selon l’Ordre départemental (rapport 2024).
La mairie s’appuie donc sur trois axes :
- Développer la prévention (vaccinations, dépistage du cancer colorectal).
- Soutenir la recherche clinique via l’Université de Bordeaux et ses 78 laboratoires.
- Favoriser la mobilité douce, liée à la baisse de 12 % des maladies respiratoires observée depuis l’extension du tramway (données INSEE-Santé 2023).
Comment la télémédecine transforme le quotidien des Bordelais ?
La crise sanitaire de 2020 a ouvert la voie. En 2024, plus de 150 cabines de télémédecine sont déployées dans la métropole, notamment dans les mairies de quartier, les pharmacies et, depuis février, à la gare Saint-Jean. Chaque cabine permet une télé-consultation équipée d’objets connectés (stéthoscope, oxymètre, dermatoscope).
Chiffres clés :
- 46 000 actes de télémédecine enregistrés au premier semestre 2024 (Source : Assurance Maladie Gironde).
- 72 % des utilisateurs sont des actifs de 25-45 ans, séduits par la plage horaire élargie.
- Temps moyen d’attente : 6 minutes, contre 42 minutes dans les cabinets physiques.
Les professionnels nuancent toutefois le bilan. Selon la Dre Léa Bousquet, médecin généraliste à Saint-Michel, « l’outil est précieux pour les pathologies simples, mais l’examen clinique direct reste indispensable pour 30 % des motifs de consultation ». D’un côté, la dématérialisation fluidifie l’accès aux soins ; de l’autre, elle souligne l’écart numérique des seniors : 28 % des plus de 70 ans ne disposent pas d’une connexion haut débit à domicile (ARCEP 2024).
Télésurveillance des maladies chroniques
Le CHU pilote depuis janvier 2024 un programme de télésurveillance de l’insuffisance cardiaque. 400 patients portent un patch connecté transmettant la fréquence cardiaque en temps réel. Résultat préliminaire : une baisse de 18 % des ré-hospitalisations en trois mois. Cette approche pourrait économiser 1,2 million d’euros par an au système de santé local.
Qu’est-ce que le plan Climat-Santé métropolitain ?
Adopté en mars 2023 par Bordeaux Métropole, le Plan Climat-Santé articule environnement et santé publique. Objectif : réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 tout en protégeant la population des vagues de chaleur, responsables de 56 décès l’été dernier (Santé publique France, 2023).
Le dispositif prévoit :
- Plantations de 50 000 arbres supplémentaires d’ici 2026.
- Création de « refuges climatiques » dans 100 écoles pour maintenir une température inférieure à 26 °C.
- Déploiement de capteurs de qualité de l’air dans les 28 stations du réseau de tramways.
Pourquoi ce lien climat-santé ? Selon l’OMS, chaque hausse d’1 °C multiplie par 2 les cas de coups de chaleur chez les plus de 65 ans. Bordeaux, déjà célèbre pour son patrimoine classé à l’UNESCO, entend devenir un laboratoire de la ville résiliente.
Conseils pratiques pour optimiser sa santé en ville
S’informer, c’est bien. Agir, c’est mieux. Voici les actions recommandées par les professionnels bordelais :
- Prendre rendez-vous dans une cabine de télémédecine pour les renouvellements d’ordonnance (gain de temps).
- Utiliser les pistes cyclables, étendues à 340 km en 2024, afin de réduire la sédentarité (l’INSERM rappelle qu’un aller-retour quotidien de 20 minutes baisse le risque cardiovasculaire de 24 %).
- Profiter des centres de dépistage mobile du CHU, présents chaque jeudi sur la place Stalingrad, pour le diabète et l’hypertension.
- Participer aux ateliers nutrition de la Maison de Santé de Bacalan, gratuits et ouverts à tous les résidents.
- Installer l’application « Air Gironde », qui envoie une alerte en cas de pic de PM10 (particules fines) supérieur à 50 µg/m³.
Focus vaccination
Depuis septembre 2023, le vaccin contre la grippe est disponible sans ordonnance dans 210 pharmacies bordelaises. La couverture vaccinale locale a ainsi atteint 58 %, soit +6 points par rapport à la moyenne nationale. Une avancée saluée par le Dr Patrick Dehail, doyen de la faculté de médecine, pour qui « l’accès facilité dope la prévention et désengorge les cabinets ».
Santé mentale : un enjeu croissant
L’observatoire régional indique que 14 % des 18-34 ans bordelais ont consulté un psychologue en 2023, un chiffre en progression constante. Les raisons : pression académique, coût de la vie, incertitude climatique. Des dispositifs comme le BAPU (Bureau d’Aide Psychologique Universitaire) restent pourtant sous-utilisés : 40 % de créneaux libres selon le dernier audit.
Ma perspective de terrain
Chaque semaine, je sillonne les quartiers, de la Victoire aux Chartrons, pour observer l’impact réel des politiques sanitaires. Les échanges avec les usagers confirment un paradoxe : la ville innove vite, mais la fracture d’accès persiste. En tant que journaliste et patiente, j’apprécie la rapidité d’une e-consultation, tout en regrettant la disparition du lien humain traditionnel. À vous de jouer : testez une cabine, interrogez votre pharmacien, engagez-vous dans un atelier collectif. La santé à Bordeaux se construit autant dans les laboratoires que dans la rue.
