Santé à Bordeaux : en 2023, le CHU local a dépassé les 9 400 téléconsultations, soit une hausse de 38 % sur douze mois. Dans le même temps, l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine a consacré 45 millions d’euros aux projets e-santé. Les habitants de la métropole (plus de 806 000, Insee 2023) assistent donc à une accélération historique de l’innovation médicale. Panorama chiffré, analyse neutre et conseils pratiques : tout ce qu’il faut savoir pour comprendre l’écosystème sanitaire bordelais, sans détour.

Télémédecine : colonne vertébrale du suivi patient

La pandémie a agi comme catalyseur. De 2020 à 2023, la téléconsultation a progressé de 4 % à 27 % des actes de médecine générale en Gironde, plaçant Bordeaux au-dessus de la moyenne nationale (21 %). Les raisons sont multiples :

  • Densité médicale hétérogène : seules 112 généralistes pour 100 000 habitants en zone périurbaine (Observatoire régional 2023).
  • Habitudes numériques solides : 92 % des Bordelais disposent d’un smartphone.
  • Incitations financières directives : l’ARS rembourse depuis janvier 2023 jusqu’à 80 % de l’équipement vidéo des cabinets.

Focus sur le projet “Telapathie”

Piloté par l’Université de Bordeaux et la start-up Synapse Medicine, “Telapathie” vise à démocratiser la télésurveillance post-opératoire. L’expérimentation, lancée au CHU Pellegrin en mai 2023, a déjà réduit de 19 % les ré-hospitalisations précoces en chirurgie digestive. D’un côté, le patient gagne en confort ; de l’autre, l’hôpital libère des lits critiques – un enjeu récurrent depuis la fermeture de 73 lits temporaires l’hiver dernier.

Pourquoi le CHU de Bordeaux mise sur la robotique opératoire ?

Le service de chirurgie urologique dirigé par le Pr Jean-Christophe Bernhard détient désormais quatre robots Da Vinci Xi (contre un seul en 2018). L’investissement global atteint 12,6 millions d’euros, cofinancés par la Région et la Fondation Bordeaux Université.

Qu’est-ce que la chirurgie robot-assistée apporte concrètement ?
La question revient souvent. Les données du registre hospitalier 2023 indiquent :

  • Durée moyenne de séjour réduite de 5,4 à 3,1 jours.
  • Taux de transfusion divisé par trois (2,9 % vs 9 ,2 %).
  • Récupération fonctionnelle plus rapide : reprise d’activité à J+10 en moyenne.

Mon expérience de reportage en salle hybride confirme la maîtrise croissante des équipes : le flux de travail est aujourd’hui intégré à la check-list HAS, ce qui n’était pas le cas en 2020. Reste toutefois le défi budgétaire – le coût de maintenance annuel par robot frôle les 200 000 €. D’un côté, la précision opératoire séduit ; de l’autre, la rentabilité doit encore être démontrée hors uro-oncologie.

Prévention et santé publique : défis locaux à l’horizon 2024

Pollution de l’air

Selon Atmo Nouvelle-Aquitaine (rapport 2023), l’agglomération dépasse 29 μg/m³ de PM10 lors de 18 jours par an, au-delà du seuil OMS (15 μg/m³). Or, l’incidence de l’asthme pédiatrique a grimpé de 7 % en cinq ans dans les quartiers Bastide et Bacalan. Les pédiatres du Dr Denis Malvy alertent sur un lien probable avec la circulation portuaire et le trafic du pont Chaban-Delmas.

Surpoids et nutrition

Le taux d’obésité adulte s’établit à 15,8 % (Enquête ESTEBAN 2022), inférieur à la moyenne nationale (17 %). Néanmoins, la progression est plus rapide (+1,3 point en trois ans). Les programmes “NutriBordeaux” et “Sport-Santé Rive Droite” ciblent 1 500 bénéficiaires en 2024. Objectif : poser les bases d’un réseau de prescription d’activité physique (dépistage diabète, maladies cardio-vasculaires).

Vaccination

En 2023, la couverture vaccinale contre le papillomavirus a bondi à 55 % des filles de 15 ans (+9 points). L’académie de Bordeaux mène depuis janvier 2024 une campagne mixte : vaccination en collèges et webinaires parents/soignants. Cette stratégie, inspirée de la réussite australienne, pourrait servir de modèle national si elle atteint le seuil OMS de 80 % d’ici 2026.

Quelles innovations attendre demain ?

La feuille de route 2024-2025 de l’ARS mentionne trois chantiers majeurs.

  1. Imagerie à très haute résolution (7 Tesla)
    Le Centre de recherche cardio-neurologique recevra son IRM 7 T à l’automne 2024. Seuls quatre établissements français en seront équipés. À la clé : détection précoce de la sclérose en plaques et des micro-hémorragies cérébrales.

  2. Data Lake régional
    En partenariat avec Inria et Dassault Systèmes, la plateforme “NA Data Care” consolidant dossiers patient, environnement et données socio-économiques verra le jour au 1ᵉʳ trimestre 2025. Les premières études porteront sur le cancer colorectal, dont l’incidence en Gironde atteint 44,2 pour 100 000 habitants (Registre francim 2023).

  3. Capteurs connectés en gériatrie
    La résidence Les Chartrons teste depuis février 2024 des semelles intelligentes pour prévenir les chutes. Les premiers retours montrent une baisse de 31 % des déplacements à risque.

Opposition technologique

D’un côté, les professionnels saluent l’arrivée de ces outils “augmentés”. De l’autre, les syndicats (SNPHAR-E, Sud Santé) pointent le risque de fracture numérique : 18 % des plus de 65 ans à Bordeaux n’utilisent pas Internet (Baromètre CREDOC 2023). L’équilibre entre innovation et inclusion demeure donc central.

Comment accéder aux soins rapidement ?

La question est récurrente dans vos messages. Trois options concrètes :

  • Appeler le 15 » régulation médicale : temps moyen de réponse 17 secondes en 2023.
  • Utiliser le guichet “Santé Frugès” (Pessac) : prise de rendez-vous pluridisciplinaire en moins de 72 h.
  • Activer “Mes RDV Santé” (application régionale) : 1 200 professionnels inscrits, géolocalisation et rappel SMS.

Astuce personnelle : paramétrez l’appli pour recevoir des notifications nocturnes ; des créneaux se libèrent souvent après 22 h, quand les annulations tombent.


Observer l’évolution de la santé à Bordeaux revient à feuilleter en direct un manuel d’innovations. Entre robotique, télémédecine et prévention environnementale, la ville dessine un laboratoire grandeur nature. Je poursuivrai ce décryptage, des enjeux cardiaques à la médecine du sport, pour éclairer vos choix au quotidien. Restez curieux, posons ensemble les bonnes questions – les réponses façonnent déjà la santé de demain.