Santé à Bordeaux : avec 18 % d’augmentation des téléconsultations en Gironde entre 2022 et 2023 (chiffres ARS Nouvelle-Aquitaine), la métropole se hisse désormais au premier rang des agglomérations françaises pour l’usage du numérique médical. Alors que le CHU de Bordeaux a dépassé le cap symbolique des 100 000 actes ambulatoires en 2023, les professionnels locaux s’interrogent : comment soutenir cette dynamique sans creuser les inégalités d’accès ? Focus, chiffres vérifiés et décryptage éclairé.

Dynamique numérique : quels impacts concrets sur les soins ?

Le virage e-santé bordelais s’accélère.

  • 42 maisons de santé pluriprofessionnelles sont désormais connectées à la plateforme régionale MonaSanté (donnée 2024).
  • Le service de téléexpertise du CHU revendique un délai moyen de réponse de 36 heures, contre 9 jours en 2019.
  • La start-up Synapse Medicine, hébergée à Darwin Ecosystème, a levé 25 millions d’euros en janvier 2024 pour améliorer la sécurisation des prescriptions.

Qu’est-ce que le dispositif « Bordeaux Santé Connect » ?

Lancé en mars 2024 par la mairie et l’Université de Bordeaux, Bordeaux Santé Connect est un guichet unique. Il centralise :

  1. Dossiers médicaux partagés (DMP) compatibles avec le «Mon Espace Santé».
  2. Ateliers de formation pour seniors sur les objets connectés.
  3. Aide à l’installation de téléconsultation dans les pharmacies de quartier.

Les autorités locales comptent atteindre 70 % de DMP ouverts chez les 18-65 ans d’ici fin 2025. Aujourd’hui, le taux plafonne à 53 %.

Pédiatrie et pollution : la vigilance s’impose

D’un côté, Bordeaux affiche la plus forte densité de pédiatres libéraux de Nouvelle-Aquitaine (34 pour 100 000 habitants). De l’autre, la pollution aux particules fines (PM2,5) a dépassé le seuil de 25 µg/m³ à 14 reprises en 2023 selon Atmo NA. L’équation est simple : plus de spécialistes, mais aussi plus de pathologies chroniques – asthme, bronchites, allergies.

Mon opinion de terrain : cette abondance relative de pédiatres masque une répartition inégale. Les quartiers Saint-Michel et Bacalan restent des déserts médicaux pédiatriques, obligeant souvent les familles à parcourir plus de 45 minutes en transports.

Pourquoi le CHU mise-t-il sur la robotique chirurgicale ?

La question revient souvent dans les forums locaux : «Pourquoi le CHU investit-il autant dans les robots ?». La réponse tient en trois points :

  1. Diminuer le taux de ré-hospitalisation (-12 % sur la chirurgie colorectale robot-assistée en 2023).
  2. Attirer et former les internes (l’équipe du Pr Jean-Christophe Soyer collabore avec l’ENSAM-Institut Bordeaux pour un module réalité mixte).
  3. Répondre à la norme européenne MDR 2027 qui favorisera les actes mini-invasifs.

En 2024, le CHU dispose de quatre robots Da Vinci Xi, soit autant que les Hospices civils de Lyon. Cette parité technologique illustre la compétition interrégionale pour l’excellence hospitalo-universitaire.

Avantage patient ?

Les données internes montrent une durée moyenne de séjour ramenée de 5,6 à 3,2 jours post-prostatectomie. Cependant, le coût supplémentaire par intervention (≈ 1 800 €) demeure un frein pour la Sécurité sociale, qui plafonne la dotation à 720 €.

Vaccination mobile : succès ou mirage ?

Depuis juillet 2023, trois bus sanitaires sillonnent la métropole pour proposer des rappels vaccins (Grippe, HPV, Covid-19).

  • 12 750 injections réalisées au 31 janvier 2024.
  • 67 % des usagers déclarent n’avoir «pas de médecin traitant» (enquête ARS).

D’un côté, la mobilité rapproche l’offre des publics précaires. Mais de l’autre, l’absence de suivi médical régulier risque d’entraîner des doublons de vaccination et une perte d’information (carnet de santé numérique non synchronisé).

Quels conseils pratiques pour optimiser son parcours de soins à Bordeaux ?

Pour tirer parti des innovations sans subir la fracture numérique, voici quatre recommandations concrètes :

  • Ouvrir son Dossier Médical Partagé via Mon Espace Santé afin de centraliser examens et vaccins.
  • Utiliser l’application gratuite Bordeaux Urgences (alertes temps réel sur la saturation des services).
  • Préférer les créneaux «Téléconsult’ prioritaire» proposés par les maisons de santé des Chartrons et de la Bastide entre 7 h et 9 h.
  • Vérifier la certification «HDS» (hébergement de données de santé) avant de télécharger une appli de santé.

Un clin d’œil culturel : comme le soulignait Montesquieu, «la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent». À l’ère numérique, la liberté du patient bordelais dépend aussi de la transparence des applications utilisées.

Tension démographique : l’envers du décor

La métropole gagne 8 000 habitants par an depuis 2018 (Insee). Les besoins en santé explosent. Pourtant, 18 % des médecins généralistes bordelais partiront à la retraite d’ici 2027. La faculté de médecine a donc augmenté son numerus apertus à 430 places en 2024 (+15 % en deux ans). Suffisant ? Probablement pas.

Nuance indispensable

La télémédecine compense partiellement la pénurie, mais elle ne remplace pas l’examen clinique. L’expérience de la pandémie l’a rappelé : le virtuel a ses limites, notamment pour la prévention en santé mentale, autre chantier majeur à Bordeaux.

Regard personnel

Observer le foisonnement d’initiatives locales – robotique, mobilité vaccinale, plateformes numériques – me conforte dans l’idée que Bordeaux peut devenir un laboratoire de la santé connectée. Reste à maintenir l’équité territoriale, enjeu que j’explorerai bientôt sous l’angle de la nutrition préventive et du bien-être étudiant. Votre retour d’expérience m’intéresse : quelles innovations vous semblent prioritaires pour les quartiers périphériques ?